Portrait tragique d’une famille en Iran
Les graines du figuier sauvage un film de Mohammad Raoulof
Quelques mots sur Mohammad Raoulof : Privé de passeport depuis 2017, condamné en 2019 pour propagande contre le régime iranien, il voulait continuer son œuvre au risque de se faire traiter de fugitif. Il a pris la décision de quitter l’Iran en 2 heures et vit actuellement à Hambourg
C’est un départ sans retour. Quand Mohammad Rasouklof a réalisé »Les graines du figuier sauvage », il a quitté l’Iran à pieds pour s’enfuir de son pays fin avril et venir le présenter au festival de Cannes en mai où il a obtenu le Prix du jury
Et quel film ! Une famille bourgeoise vit à Téhéran : ils ont deux filles, une lycéenne et une collégienne. On apprend très vite que le père Iman vient d’obtenir un poste important : il vient d’être nommé enquêteur au tribunal révolutionnaire. Si tout va bien pour lui il pourra devenir juge d’instruction. Cet homme ordinaire aimerait pouvoir étudier les dossiers avant de signer les mandats d’exécution capitale.
Mais il commence sa carrière au pire moment puisque que les femmes se soulèvent suite au décès de Mahsa Amini arrêtée et battue à mort pour port de vêtements non appropriés ; elle avait refusé de porter le voile. Iman se confronte à des arrestations massives et aux nombreuses condamnations y compris des exécutions capitales pour lesquelles, il donne son accord,
La mère est prise entre deux feux ; soutenir son mari et ses filles très ébranlées par le mouvement : Femmes vie liberté.
De plus Iman ne retrouve pas son arme et risque à son tour d’être emprisonné. Accusé par les réseaux sociaux d’être un bourreau il doit se réfugier dans un village éloigné. Et là, il devient fou, accuse femme et filles de mensonges, pratique des interrogatoires à la caméra et finit par se comporter comme un gardien de prison, enfermant sa femme et sa fille ainée derrière des portes blindées. Seule la cadette réussit à sortir de l’enfer et c’est elle qui finira par sauver sa mère et sa sœur et à se débarrasser du monstre que son père est devenu.
Et c’est là que le film devient porteur d’espoir puisque c’est la cadette qui prend les choses en main pour tuer le père et à l’image, on le voit tomber dans un gouffre et la terre s’effondre, symbole de l’archaïsme du régime dénoncé par les femmes.