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Sur les traces de Pierre-Louis Bréchat

L’artiste Pierre-Louis Bréchat a réalisé des oeuvres aux Chaprais et ailleurs en collaboration avec Robert Picault

Il y a quelque mois de cela, un article de l’Est Républicain a été déposé dans ma boîte à lettres par une de mes voisines. Pourquoi cet article sur un enseignant, artiste et chercheur dont certes, j’avais entendu parler, mais qui n’évoquait rien de précis pour moi. Ce qui va suivre, est la recherche qui m’a été inspirée par cet entrefilet dans le journal. En premier lieu voici le contenu de cet article :

L’artiste Pierre-Louis BRÉCHAT s’est éteint
Pierre-Louis Bréchat est décédé à 95 ans dans la nuit de jeudi à vendredi. 05 février 2021
Arrivé à l’âge de 30 ans à Besançon pour tenir le cours de dessin, de perspective et d’études documentaires à l’école des Beaux-Arts, Pierre-Louis Bréchat était originaire de la Nièvre, où il s’était engagé dans la Résistance dès l’âge de 14 ans. Artiste éclectique, il est décédé à 95 ans dans la nuit de jeudi à vendredi. Il se disait « chercheur » avant que d’être artiste. L’intention de Pierre-Louis Bréchat a toujours été de trouver de nouvelles « sources d’inventions », du croquis naturaliste extrêmement précis au surréalisme à travers ses « Maisons impossibles » et ses « dessins hypnagogiques » [voir encadré] saisis aux limites de l’endormissement, de la peinture au vitrail, en passant par la tapisserie et la fusion du plastique, il laisse une œuvre foisonnante.

Pierre-Louis Brechat ER

Extrait de l’article et photo : Est Républicain
https://www.estrepublicain.fr/societe/2021/02/05/pierre-louis-brechat-s-est-eteint

« Visions hypnagogiques » Qu’est-ce donc ?

Hypnagogie : du grec hypnos (sommeil) et agogie (conduire). Néologisme qui désigne les phénomènes qui ont lieu à la frontière de l’éveil et du sommeil. L’adjectif hypnagogique désigne ce qui conduit au sommeil. Ce sont des images mentales qui apparaissent pendant une fraction de seconde lors d’un état de demi-sommeil. Dans cette phase précédant l’endormissement, la conscience s’altère mais les sens restent partiellement éveillés et, donnent un sentiment de réalité qui surpasse celui de la perception. www.academie-medecine.fr/le-dictionnaire/2021

La méthode de Salvador Dali, basée sur l’état hypnagogique, cherchait à transcender le monde de la raison pour attraper l’onirique, le faire sien et le transformer en art

https://nospensees.fr/la-methode-de-dali-pour-eveiller-notre-creativite/


Mes recherches sur Pierre Louis Bréchat m’ont amené à découvrir d’autres facettes de l’artiste.
Suite à une commande de l’entreprise L’Amy de Morez, Pierre-Louis Bréchat a réalisé en 1987 une série de sérigraphies.
Lunettes L'Amy PL  Bréchat
Le thème ? Les lunettes évidemment ! Intitulées 36 paires de lunettes, ces œuvres ont été tirées en seulement 17 exemplaires et offertes par l’entreprise commanditaire à ses meilleurs clients.
Chaque sérigraphie représente des entrelacs de lunettes. Pierre-Louis Bréchat met en avant la diversité de production de l’entreprise en rappelant par exemple le pince-nez du milieu du XIXe siècle, mais aussi les lunettes large face de la fin des années 70.
Les sérigraphies ont été réalisées avec la technique du pochoir qui n’est pas sans rappeler la découpe à l’emporte-pièce des lunettes en plastique. 
Article et illustration : opticientoulouse
http://opticientoulouse.fr/news/36-paires-de-lunettes-par-brechat/
PL Bréchat fresque Bregille
Pierre-Louis Bréchat, a résidé dans le quartier de Bregille, où il a réalisé (en 1979 ?) une céramique située à l’entrée de la maison de quartier. Intitulée « maison impossible à la lune Blanche »
Enfin je sais à présent d’où me vient cette impression de déjà vu.
Son, nom apparaît en bas d’une œuvre ornant l’entrée d’un immeuble aux Chaprais.
Bréchat Picault céramique
Elle est située avenue Fontaine Argent et est cosignée (en bas à droite) avec l’artiste céramiste Robert Picault

PL Bréchat avenue Fontaine Argent
Signée mais non datée (l’immeuble a été construit en 1969/1970).

Une autre non signée a été réalisée rue de Beauregard.
PL Bréchat rue Beauregard


Nous avons découvert qui était Pierre-Louis Bréchat, mais qui est Robert Picault ?


Des artistes entre Vallauris, Besançon Casamène et Longchamp

Robert Picault potier
Robert Picault dans son atelier
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Robert Picault est né à Paris en 1919 et décédé à Vallauris en 2000
Professeur de dessin à Golfe Juan, ensuite, potier/céramiste en association avec Roger Capron (céramiste de renom) en 1946 à Vallauris. Il se sépare de Roger Capron en 1948 (mais ils resteront amis), il crée son propre atelier à Vallauris. Picasso installe la même année son atelier juste à côté, du sien, début d’une grande amitié.
Robert Picault et Picasso
Robert Picault et Picasso
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La même année Robert Picault crée ses modèles de services de table avec décors d’oiseaux, de poissons et de fleurs qui feront sa renommée. Il conçoit la même année, ses fameux services avec des motifs géométriques tracés en bichromie (deux couleurs différentes), le plus souvent vert et brun.

poisson Robert Picault

Début Vallauris (1948)
Photo Le Chardennois
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Robert Picault tout en conservant son atelier à Vallauris, va collaborer avec les Faïenceries de Longchamp (Côte-d’Or 21110) de 1953 à 1963.
Robert Picault poisson
Collaboration Picault/Longchamp (1960) https://faienceriesdelongchamp.com/robert-picault/


De 1963à 1966, Robert Picault accepte la proposition de l’Aga Khan de créer une fabrique de carreaux de céramique en Sardaigne (La Cesarda).
De 1966 à 1980, il retourne aux faïenceries de Longchamp et Casamène
En 1966, Robert Picault et son épouse, s’installent à Valay (70140), petit village de Haute-Saône, situé très exactement à  équidistance  (40 kms) de Longchamp (Côte d’or) et de Casamène (Besançon). Le choix est bien sûr délibéré et permettra à Robert Picault de travailler  la journée, au gré des exigences de ces deux activités : soit à Longchamp, soit à Besançon-Casamène,  et de rentrer chez lui le soir
La faïencerie de Casamène reprise en 1947 par la faïencerie de Longchamp, s’oriente vers la fabrication de faïence à usage industriel. Les petits carreaux de 5×5 peu usuels jusqu’alors, connurent un grand succès. La mode était au mélange de carreaux unis et de carreaux décorés comme on peut le voir sur ces photos.

Table en fer forgé décorée
Des carreaux qui « habillent » une table en fer forgé.
Mais si la production de table en fer forgé/carreaux céramique n’a pas été produite en masse, il n’en n’est pas de même des carreaux utilisés, qui  sont les mêmes, que ceux  vendus en quantités industrielles par Casamène,  pour la décoration des cuisines et salles de bain.

Un matériau particulier, appelé cérastone est utilisé pour fabriquer ces petits carreaux (voir les explications plus loin)

faïence cerastone
(Carreaux en cérastone de Longchamp/Casamène des années 1960).  
Photos Moisand
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La faïencerie dite de Longchamp (Casamène) emploie 70 personnes en 1960 et 58 en 1975. Elle cesse son activité en 2005.

Revenons à Robert Picault
En 1979, il vend son atelier à son contremaître avec les formes et les modèles qu’il a créés. Ce dernier  le revendra  en 2000. L’atelier ferme en 2006.
En retraite, en 1980 il s’installa peu après à Besançon où il vécut jusqu’au décès de son épouse en 1996
Il retourna alors à Vallauris, qui était restée malgré un éloignement prolongé le lieu qui lui était le plus cher, sa patrie d’adoption en quelque sorte. C’est là qu’il décède en 2000
Quand à l’entreprise Longchamp, en 1964, elle compte 230 employés et produit quatre millions de pièces par an qui sont vendues principalement dans les grands magasins (Samaritaine, Galeries Lafayette, Bon Marché…) et à hauteur de quinze pour cent à l’international (États-Unis et une vingtaine d’autres pays).
Entre 1975 et la fin des années quatre-vingt, les reprises se succèdent et l’établissement est racheté en 1990 par Villeroy & Boch avant de fermer définitivement ses portes en 2009.
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Qu’appelle-t-on cérastone ?

Le matériau est un ciment issu de ciment fondu Lafarge classique mélangé à du sable de basalte et des ocres colorés.
Pour éviter la rétractation : plonger les morceaux cuits (première période de son œuvre) dans de l’eau, une fois sortis du four. Pour les morceaux non cuits, les arroser très régulièrement (plusieurs fois par jour). Finir par sabler les pièces pour éviter les « grumeaux » de ciment trop apparents, lisser la pièce en bref. Technique mise au point et brevet déposé par le sculpteur Jean Amado.

Jean Amado né le 27 janvier 1922 à Aix-en-Provence et mort le 16 octobre 1995 dans la même ville, est un sculpteur contemporain français.



Pas de piste pour ÉBRÉ, rien dans les archives du concepteur de l’immeuble : Immobilière Comtoise.
Est-ce une entreprise bisontine ayant disparu ? Merci, si vous avez des renseignements, de les soumettre à Vivre aux Chaprais !
Il existe une société ÉBRÉ Carrelage, située à Penthalaz dans le canton de Vaud en Suisse et spécialisée dans le domaine du carrelage tant intérieur qu’extérieur. Mais celle-ci est une entreprise récente, 15 ans environ, donc non concernée.
maquette immeuble 24 av F Argent
(Photo maquette : Immeuble Fontaine Argent – Immobilière Comtoise)
Le concepteur de l’immeuble Fontaine Argent, est l’architecte bisontin : Pierre Marie Gaiffe (disparu en 2016) (Cabinet d’architecte : 72 Grande Rue, à Besançon), pour la société Immobilière Comtoise (archives muettes)
Il a participé à la construction du CET (Centre d’Enseignement Technique) de Morteau en 1963 qui en 1968, devient LEP (lycée d’enseignement professionnel) en 1977 puis LP (lycée professionnel) en 1987, date d’ouverture du lycée polyvalent Edgar Faure (premier site). La construction finale, est un projet des architectes bisontins Jacques J. Tournier et François Turina. Le nouveau site est construit (par des entreprises locales) de novembre 1986 à avril 1989. Les deux sites sont reliés en 1987 par un tunnel passant sous l’avenue Charles de Gaulle. Partiellement ouvert à la rentrée 1988 (externat et demi-pension), l’établissement est inauguré le 28 janvier 1989.
(http://patrimoine.bourgognefranchecomte.fr)

Pierre Marie Gaiffe
(Photo L’Est Républicain – 17 août 2016)

Maître d’œuvre du lotissement à Roche-lez-beaupré rue des Rosiers, rue des Aubépines, au début des années 1970
Pierre Marie Gaiffe, participé au projet immobilier d’aménagement, dans les anciens locaux des imprimeries de l’Est, rue Renan aux débuts des années 1980 à Besançon.
A cette occasion, des vestiges des époques gauloise et gallo romaine, datant de 50 avant à 50 après Jésus-Christ ont été mis à jour.


Sources :

https://www.estrepublicain.fr
(http://patrimoine.bourgognefranchecomte.fr)
http://moisand.unblog.fr/
https://faienceriesdelongchamp.com
https://faienceriesdelongchamp.com/robert-picault/
Gaëtan Moisand, assisté d’Anne Aureillan et de Jacqueline Damongeot
http://opticientoulouse.fr/news/36-paires-de-lunettes-par-brechat/
Merci à Monsieur Guy Renaud et à ses amis.
Merci à Madame Berning de Citya-Immobilière Comtoise
Les photos non signées, sont de l’auteur de l’article.

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