Fantine et le gilet jaune…
Si vous passez rue des Cras, vous ne pourrez pas manquer la sculpture réalisée par Dominique Calame, sculpteur reconnu : celle de cette femme implorante qu’il a affublée, en signe de solidarité, d’un gilet jaune. C’est une image symbolique en cette fin et ce début d’année nouvelle!
Renseignements pris, il s’agit du personnage du roman Les Misérables de Victor Hugo : Fantine, la mère de Cosette. Réalisée à l’occasion du bicentenaire de la naissance du grand homme, Dominique Calame l’avait remisée dans ses réserves et l’a ressortie et exposée dans son jardin, pour l’occasion.
Mais savez-vous que Victor Hugo s’est inspiré d’un fait divers pour créer le personnage de Fantine ?
En effet, dans Chose vue, il date l’origine de Fantine de janvier 1841 (à noter qu’il écrit Les Misérables en 1862). Il rapporte ainsi que sortant d’un dîner en ville, chez des amis, à Paris, il a assisté à une vive altercation entre un jeune bourgeois et une prostituée. L’origine? Une plaisanterie absurde de ce bourgeois qui avait envoyé une poignée de neige dans le dos de cette femme.
Gravure de Georges Antoine Rochegrosse (DR)
Les choses s’envenimèrent à tel point que deux policiers emmenèrent la femme au poste de police et la menacèrent de 6 mois de prison! Victor Hugo témoigna aussitôt en sa faveur et parvint à faire libérer la malheureuse.
L’histoire de Fantine, telle que la raconte l’auteur dans son roman, est relativement connue. Résumons la. Fantine serait née en 1796 à Montreil sur Mer. Victor Hugo ne nous dit rien de ses parents, ni de son enfance. Sinon qu’elle part travailler dans une ferme des environs de Paris, à l’âge de 10 ans!
Le triomphe de la comédie musicale à Londres, et ce depuis des années…
« Fantine était belle sans le savoir »…note l’auteur. En 1815, elle a une fille, avec Tholomyès plus âgé qu’elle de 9 ans. Ce dernier l’abandonnera deux ans plus tard. Fantine décide donc de retourner dans sa ville natale afin d’y trouver du travail. Mais son statut de fille mère risque de lui interdire, à cette époque, toute possibilité d’emploi. Et c’est pour cela qu’elle va placer sa fille Ephrasie, qu’elle surnomme Cosette chez les Thénardier. La suite est bien connue. En 1821, la pension de sa fille augmentant, Fantine vendra tout ce qu’elle possède, y compris ses beaux cheveux et ses dents. L’année d’après elle doit se prostituer pour survivre. Puis un incident, pour lequel elle n’a aucune part, va la mettre dans les griffes de l’inspecteur Javert, jusqu’à l’intervention de M. Madeleine, maire de Montreuil, (Jean Valjean) qui deviendra son protecteur. Elle meurt en 1823 : M. Madeleine lui a fait, sur son lit de mort, la promesse de s’occuper de Cosette.
Fantine sur son lit de mort .Gravure Emile Bayard (DR)
Et connaissez-vous cette Chanson de Fantine publiée dans le tome I, livre VII, chapitre 6 ? La voici.
« Nous achèterons de bien belles choses
En nous promenant le long des faubourgs.
Les bleuets sont bleus, les roses sont roses
Les bleuets sont bleus, j’aime mes amours.
La vierge Marie auprès de mon poêle
Est venue hier en manteau brodé
Et m’a dit :- Voici, caché sous mon voile,
Le petit qu’un jour tu m’as demandé.
-Courez à la ville, ayez de la toile,
Achetez du fil, achetez un dé.
Nous achèterons de belles choses
En nous promenant le long des faubourgs.
Bonne Sainte Vierge, auprès de mon poêlr
J’ai mis un berceau de rubans orné
Dieu me donnerait sa plus belle étoile,
J’aime mieux l’enfant que tu m’as donné.
– Madame, que faire avec cette toile?
– Faites un trousseau pour son nouveau né.
Les bleuets sont bleurs, les roses sont roses
Les bleuets sont bleus, j’aime mes amours.
– Lavez cette toile.- où? – Dans la rivière.
Faites en sans rien gâter ni salir
Une belle jupe avec sa brassière
Que je veux broder et de fleurs emplir.
Nous achèterons de belles choses
En nous promenant le long des faubourgs.
Les bleuets sont bleus, les roses sont roses,
les bleuets sont bleus, j’aime mes amours. »
J.C.G.
Photos de la sculpture : Alain Prêtre (DR).
Excellente année 2019 à toutes et tous!