Un regard sur la société indienne, Grand Prix à Cannes
Le film All we imagine as light de la réalisatrice Payal Kapadia est en salle à Besançon
Au début du film la réalisatrice explore Bombay, ses marchés, ses bruits, ses gargotes. Puis la caméra s’arrête sur une salle de soin où deux infirmières exercent leur métier. Elles sont amies : l’une quarantenaire Prabha est mariée à un homme parti travailler en Allemagne et dont elle n’a pas de nouvelles depuis un an. La seconde plus jeune est amoureuse et voudrait vivre sa vie librement, sa sexualité aussi ; malgré cela elle doit tenir compte du regard de sa famille et celui de la société soucieuse des traditions fortes comme le mariage arrangé.
Le film fait son chemin entre ces deux portraits. L’une (la plus jeune) s’émancipe et l’autre (très malheureuse) se tait, et n’ose pas répondre aux sentiments affichés par un médecin en exil ; il y a dans ce film l’alternance entre une société attachée à des traditions et le besoin de changement ; à un moment donné la jeune femme doit s’habiller avec une burqua pour rejoindre en cachette son amoureux ; elle ne doit pas être vue en robe légère. Une troisième femme entre dans le film ; cuisinière sans papier, elle subit les affres d’un promoteur immobilier qui menace de l’expulser d’un logement dans lequel elle vit depuis deux ans. Ces trajectoires filmées avec une grande douceur donnent un visage à l’Inde d’aujourd’hui au désir des femmes de s’affranchir d’une société patriarcale oppressante.
A la fin du film, la plus âgée, victime de problèmes immobiliers sans solution décide de retourner dans son village natal où il sera plus facile de se loger. Les deux autres femmes l’accompagnent. Et la relation entre les trois femmes devient plus forte au moment où un drame menace le village. Le film prend son envol ; il se colore et devient une sorte de chant d’espoir et de liberté. La possibilité et l’acceptation d’un changement
Le film est à l’affiche au Cinéma Victor Hugo rue Gambetta à 13 h et 17 h 40 dimanche et lundi et à 20 h 20 mardi