La prolifération des ralentisseurs est-elle efficace ?

Le comportement de quelques chauffards doit-il dicter les aménagements de voirie ?

A chaque fois qu’un individu passe bruyamment et en apparence trop vite dans une rue, il se trouve un ou quelques riverains pour réclamer à la mairie des mesures pour ralentir la circulation. Quelle mesure ? on pense à la pose de pancartes annonçant une vitesse plus limitée. Mais un délinquant qui ne respecte pas la vitesse limitée à 50, respectera-t-il mieux une vitesse limitée à 30 ?

On en vient alors à demander la pose de ralentisseurs. Il en existe plusieurs types dont la fameux « coussin berlinois »

Par exemple ceux de la rue Lanchy à proximité de l’école Paul Bert.

Ralentir ou secouer ?

Si le besoin de faire ralentit n’est guère contestable devant une école, la multiplication de ce genre de dispositif bruyant et dangereux pose question à ceux qui n’oublient pas qu’ils ne sont pas toujours riverains mais aussi usagers de la rue. Le modèle de coussin berlinois a la particularité de ne pas ralentir ni les deux roues ni les gros véhicules.

Pour les automobilistes, c’est la secousse assurée et l’usure des suspensions. Y-at-il un accord avec les garagistes ?

Les riverains de la rue de la Rotonde ont reçu un courrier de la mairie constatant que dans cette rue « la situation n’est pas alarmante ».

Pourtant, il est envisagé de placer un ralentisseur dont il est dit qu’il « occasionne des nuisances sonores dues au freinage » et évidemment à l’accélération qui suit !

Les riverains doivent donner leur avis non pas sur son utilité, mais uniquement sur son emplacement.



Les ralentisseurs sont-ils légaux ?

La France en compte plus de 450 000. I

Dans le département du Var, les habitants de la commune de Vinon-sur-Verdon ne supportaient plus le bruit généré par un ralentisseur. Après contrôle, il s’est avéré qu’il y avait moins de 3 000 véhicules circulant quotidiennement sur cette voie. Le tribunal administratif de Toulon a tranché ce 10 juillet 2024 : les autorités doivent démolir ce dos d’âne illégal.

En consultant le guide des coussins et plateaux du Cerema, il en ressort que l’installation des ralentisseurs sur une voie doit respecter certains critères.

L’efficacité et le coût modéré des ralentisseurs de type dos d’âne et de type trapézoïdal en font un des dispositifs les plus souvent utilisés. Toutefois, leur mauvaise utilisation peut constituer un danger et peut générer une gêne importante pour les usagers et les riverains. L’établissement d’une norme sur les ralentisseurs et de règles sur leurs conditions d’implantation constitue désormais une référence essentielle pour la mise en œuvre cohérente et crédible des dispositifs de modération de la vitesse.Cet ouvrage constitue un guide de recommandations et se propose de fournir des réponses claires aux questions que se pose chaque aménageur. En outre, il rassemble les textes réglementaires publiés en 1994 concernant les conditions d’implantation et les caractéristiques géométriques obligatoires des ralentisseurs de type dos d’âne et trapézoïdal.

Selon les directives du guide, tout ralentisseur doit être présent sur une route limitée à 30 km/h et doit être signalé par un panneau. Seules les routes à fort trafic, environ 3000 véhicules par jour, sont tenues de procéder à la construction de ces ralentisseurs de vitesse. Autre critère à respecter, le dispositif doit être situé à plus de 40 m d’un virage et à plus de 25 m d’un pont. Toutes cette réglementation est consignée dans le guide des coussins et plateaux du Cerema.

A défaut d’ajouter une bosse, on peut laisser s’accentuer les creux ! On remarque que la multiplication des trous du fait du non entretien des rues après le passage de poids lourds pourrait produite un effet similaire !