La cavale des braqueurs de banque allemands se termine aux Chaprais
Hold up sanglant de Francfort à Besançon
En ce mois d’août 1952, les habitants des Chaprais voient la police embarquer deux jeunes hommes. Ces deux amis semblent être de simples touristes allemands. Tout le monde l’ignore, mais pourtant ces deux individus ont réalisé le braquage le plus violent de l’après-guerre en Allemagne.
Une semaine auparavant, ils sont trois jeunes amis à Francfort. Ils rêvent d’argent facile, de gloire et ont décidé de braquer une banque. Ils ont pris chacun des surnoms : Blondie, Baby et le Dick. Les braqueurs se connaissent depuis plusieurs années. Ils ont déjà réalisé plusieurs vols ensemble. Avec leur butin, ils achètent des armes. Le choix des gangsters se porte sur une succursale du Deutsche Effekten- und Wechselbank situé au 30 de la Kurfürstenstraße dans le quartier de Bockenheim. La bâtisse est petite et il est facile de s’y barricader une fois à l’intérieur pour des braqueurs. Les jeunes gens ont repéré leur cible avec minutie.
Armés, ils pénètrent dans l’agence le samedi 16 août 1952 à 12h. Le moment n’est pas anodin, il s’agit du dernier jour où la banque est ouverte à une heure où le public est peu nombreux sur les lieux. Pris d’une soudaine fureur, les braqueurs ouvrent le feu sur le personnel qui tente de se défendre. Deux agents sont tués sur le coup, le directeur de la banque est grièvement blessé. Puis les braqueurs se transforment en pied nickelés. L’un d’eux est sérieusement touché par les tirs de ses complices. La panique s’installe, les tensions entre eux sont palpables.
Les deux complices encore valides, Blondie et Baby prennent la fuite après avoir laborieusement pris quelques dizaines de milliers de mark. Dick est laissé sur place, capturé par la police allemande qui découvre le carnage. Les voleurs s’engouffrent dans leur Volkswagen. 
Ils sont poursuivis au début de leur fuite par un témoin. Les deux assassins se dirigent vers la frontière française avec l’idée de s’engager dans la Légion Etrangère. Après moult efforts, ils parviennent à Strasbourg et descendent en direction de la capitale comtoise.
Sur place, la tension monte. L’un d’eux fait le choix de se rendre à la police française « au commissariat des Chaprais situé à la Mouillère » probablement au poste de police des Chaprais situé 24 avenue Carnot. Il dénonce son complice qui est pris tranquillement en train de s’abreuver dans l’actuel Brass’Eliande, place Jouffroy d’Abbans.
L’Est Républicain du 22 août 1952
Les deux braqueurs purgent une peine de quelques mois en France pour être entré illégalement dans notre pays. A cette époque, l’espace Schengen n’existe pas et donc la libre-circulation en Europe ne s’applique pas. Après leur expulsion en Allemagne, les trois braqueurs, Kirchner, Maiß et Maikranz sont jugés et condamnés le 5 mai 1953 à la réclusion à perpétuité.
Sources :
Le Monde, 23 aout 1952
Christophe Braun, Die Toten von Bockenheim, Frankfurter neue press, 19 janvier 2018, consulté le 28 juin 2024
Christoph Albrecht-Heider, Doppelmord in der Bank, 15 janvier 2019, , consulté le 28 juin 2024