rue de belfort couleursVoici le récit que nous a fait parvenir la petite-fille de Louis Butsch, madame Odile Butsch-Monnory. Son grand-père était pharmacien au 45 rue de Belfort (pharmacie des Chaprais). Après avoir écrit « Mémoires d’une maison des Chaprais » que nous avons publiées sur notre site www.chaprais.fr, dans la rubrique Histoire, nous lui avions demandé si elle n’avait pas d’autres souvenirs. En voici donc une première partie. Nous l’en remercions vivement.

 » Les magasins de mon enfance

Pour la petite fille que j’étais alors, le quartier des Chaprais me semblait très animé et j’admirais les devantures des boutiques de notre rue de Belfort. Tout d’abord,  bien sûr la pharmacie que monsieur Rapin avait rachetée à mon grand-père (45 rue de Belfort). Ses vitrines me remplissaient d’admiration : superbes potiches en faïence, pots emplis d’onguents et publicité : je me souviens très bien de la photographie du Bébé Cadum qui vantait les bienfaits d’un savon pour enfants. Les courses se faisaient toujours dans le même ordre et la bonne (ou ma mère) en sortant de la maison partait toujours à droite. Dans mon souvenir, à gauche, il n’y avait que quelques commerces : la petite boutique du cordonnier, un très bon artisan qui pendant la guerre arrivait à faire du neuf avec du vieux. Ensuite une crèmerie, ouverte avant guerre et tenue par monsieur Jarrot, puis un magasin de fruits et légumes.

rue de Belfort bains douchesMais revenons au côté droit. Il nous fallait passer devant la maison Jacquemin (au 43), puis devant un grand magasin « le magasin bleu » où se trouvait la modiste de ma mère. Elle aussi fit des merveilles pendant la guerre… En continuant la rue, on arrivait au salon de coiffure où officiait monsieur Blanc chez lequel nous allions, mon frère et moi, quand ma mère jugeait une bonne coupe nécessaire. Ensuite, oh quel régal pour les yeux -avant la dégustation – la pâtisserie Belligat, du nom du pâtissier. On venait de toute la ville pour acheter ses figues en pâte d’amande verte. Après ce magasin, si tentant pour les gourmands, la devanture d’une boutique d’articles de pêche et de chasse. Les appâts pour les poissons attachés sur un fil nous rappelaient les guirlandes du sapin de Noël.

rue de Belfort épicerie Brochet et tabac

En continuant les courses, la bonne pouvait aller à l’épicerie Favier où, autrefois, la bonne de ma grand-mère entrait également. C’est là que l’on achetait les margotins. La publicité de la devanture exposait une gravure de bananes vertes (!) dont ma mère disait qu’il fallait attendre avant de les manger. Je me souviens également d’un magasin de chaussures et de son propriétaire monsieur Michel. Ma mère nous avait acheté chez lui des petits bottillons en bon cuir avec fermeture éclair. Un jour la fermeture, trop bien remontée se mit à bailler sur le dessus du pied et nécessita un changement d’urgence au désespoir du boutiquier. La boucherie de monsieur Prost exposait de beaux morceaux de viande et des têtes de veaux avec du persil dans le nez ! Mais, avant celle-ci, il y avait la mercerie de mademoiselle Barbier. Oh ! Tous ces meubles aux nombreux tiroirs qui recélaient des trésors : des boutons de toutes les couleurs, des pressions, du fil, des aiguilles et autres merveilles pour la couture. Le comptoir consistait en une grande table avec des mesures taillées dans le bois. Mademoiselle Barbier déroulait le métrage nécessaire pour mesurer la tresse indispensable ou le bolduc.

rue de Belfort 1902 1908

Le pain n’était pas acheté puisque la sœur du boulanger apportait tous les jours le pain dan un grand panier couvert d’un torchon immaculé. En été, la boulangère se protégeait du soleil avec une belle ombrelle que j’admirais beaucoup. Certains jours, il fallait traverser la rue pour aller à l’épicerie Brochet située à l’angle de la rue de Belfort et de la rue des Deux Princesses. Pour acheter quels produits ? Je l’ignore. A côté de cette épicerie se trouvaient un bureau de tabac et un magasin de couronnes mortuaires artificielles et de plaques souvenirs mortuaires. Ma grand-mère avait une couturière du nom de mademoiselle Walter et qui habitait 35 rue de Belfort ; cela se passait dans les années 1920 ! Mon grand-père achetait son vin chez monsieur Parisot dont les magasins se trouvaient 34-36 rue de Belfort. Dans mon souvenir c’était ensuite la maison Brochet.

Certains jours, ma mère allait chez l’électricien, monsieur Bonnefoux, place Flore ou chez l’épicier, monsieur Colas dont le magasin me semblait très grand et moderne ! C’est chez lui que le sapin de Noël était acheté. Là s’arrêtait les courses ordinaires, mais si l’on continuait l’avenue Carnot, on passait devant la maison de notre médecin, le Docteur Tournier et du dentiste, le Docteur Mané ; je n’appréciais pas les visites faites chez ce dernier. Mais il y avait également en haut de la rue (en face l’église du Sacré Cœur) un garage ; Je n’y suis jamais entrée. Mais mon cousin s’en souvient très bien : c’était le garage Lernert. Il accompagnait son père et notre grand-père car le garagiste s’occupait de l’entretien de la voiture. Et pour le petit garçon qu’il était alors, le garage était un lieu si intéressant. J’avoue que cela ne me passionnait pas et c’était un but de promenade qui ne m’intéressait pas. »